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Bienvenue sur mon blog Bonjour tout le monde ! 17 février 2011 Je vous propose dans ce blog un commentaire analytique des ouvrages littéraires qui ont marqué mon esprit. Les grands classiques parfois considérés comme poussiéreux regorgent en fait d’une richesse culturelle extraordinaire. C’est pourquoi je tente aujourd’hui d’arborer des ouvrages qui, par leur moralité, leurs procédés stylistiques ou leur enseignement général, ne sont présents dans notre mémoire que par le lointain souvenir des cours de français au collège. Ils sont pourtant riches de sens, et posent des problématiques qui suscitent encore un întérêt prononcé pour la plupart d’entre nous. Posté dans Non classé | Aucun commentaire » La mère à Cohen…. 24 février 2011 Albert Cohen, écrivain du XXème siècle, est un auteur incontournable de la littérature française. Il a toujours manifesté avec ferveur, avec orgueil, sa fidélité à son origine juive séfarade. Son oeuvre carnets 1978, parue en 1979, évoque ce sujet à travers le mythe de la « mère juive » à la fois envahissante et touchante, avec une délicatesse et une émotion poignante. Cet ouvrage, pas des plus réputés mais non moins grandiose, aborde des questions sensibles telles que la crainte de la mort, l’amitié pour son condisciple Pagnol, la passion maternelle, ou l’intérêt singulier pour la vie. Il est présenté comme une sorte de journal intime, où Cohen se livre sans retenue, à 83 ans : la mort le guète, il la hait, la repousse, l’éloigne et se délivre, comme si ses écrits pouvaient avoir des conséquences à cette fin inéluctable et si proche. Cohen cultive un véritable culte de l’amour bâti à travers sa mère, grâce aux souvenirs très précis de sa plus tendre enfance en sa compagnie, et dont il nous fait part tout au long de son journal. L’amour inconditionnel pour sa mère tend à l’idolâtrie la plus extrême, à la fois effrayante tant elle semble débordante, et touchante, de par la beauté de la langue utilisée pour y décrire des situations parfois anodines la mettant en scène : le lecteur est alors envahi d’une compassion inévitable pour cette mère si respectable. « Ma sainte mère pauvreté se levait à cinq heures et demie du matin, cependant qu’en une croisière autour du monde une dame millionnaire dormait en bavant un sourire dans sa cabine de luxe. Ma mère, elle, descendait au magasin, travaillait, travaillait, courbée, et je ne veux pas dire son travail, travaillait, puis remontait au troisième étage pour balayer l’appartement et faire la cuisine, puis redescendait au magasin, travaillait, travaillait, et son pauvre coeur se détraquait, cependant qu’en son lit ladite dame millionnaire savourait le petit déjeuner apporté par sa femme de chambre personnelle, souriante et dévouée, et dans la famille depuis 20 ans ». La référence biblique introductive du chapitre tend à rendre ce personnage à la fois mythique et d’une pureté admirable. La figure de la mère paraît alors sublimée et idolâtrée, illustrée notamment par le schisme qui s’opère entre la dame mondaine, répugnante et hébétée face à tant de luxe, et la mère laborieuse méritant toute considération. L’itération du terme « travaillait », et le rythme lourd et emphatique employé, magnifient la grandeur de cette mère dévouée à la tâche, à travers sa souffrance particulièrement fastidieuse. D’autre part, Cohen aborde subtilement son inquiétude manifeste à l’égard de la mort. Il la sait avoisinante et la redoute profondément : « Dans ma chambre, je sais que je suis le seul de l’humaine nation à penser vraiment à tous les enterrés qui dorment, tous les enfants. Je suis la folle mère, mère éphémère, de cette population sous terre, je suis, absurde thuriféraire, l’encenseur des morts de toute la terre. Morts, mes aimés, que vous êtes seuls ». Les invocations divines de plus en plus solennelles sillonnent son journal, et apparaissent comme une sorte de confessionnal spirituel entre l’être presque mort et ceux qui, il l’espère, résident dans l’au-delà. Mais cette angoisse de la mort a aussi suscité chez lui à la fois de la révolte contre la faucheuse et le sens de la fraternité humaine: « O vous frères humains et futurs cadavres… ayez pitié de vos communes morts… que de cette pitié naisse enfin une humble bonté, plus vraie et plus grave que le présomptueux amour du prochain ». Cohen a prôné tout au long de son existence une conviction inébranlable pour l’amour du prochain, mais sa crainte de la mort l’entraine vers une négation de ses croyances les plus intimes. L’injustice, aboutissement ultime de la nature humaine : la mort parce qu’inéluctable fait douter, fait récuser des vérités personnelles que l’on croyait acquises et immuables, car malgré la foi, l’homme qui meurt ne peut être certain de ce qui l’attend une fois son souffle évanoui à jamais. Posté dans Albert Cohen | Aucun commentaire » Sartre, ô Sartre… 17 février 2011 Le cycle romanesque constitué de 3 tomes réunis sous le titre des « chemins de la liberté » comprend l’âge de raison, le sursis, et la mort dans l’âme. Mon attention s’est attardée sur le premier tome, à savoir l’âge de raison, paru en 1945, pour la moralité percutante, et les interrogations existentielles toujours d’actualité qu’elles induisent : l’amour, l’engagement, la liberté. L’intrigue se déroule autour d’un personnage, Mathieu, professeur de philosophie. On y explore alors toutes les relations amicales, amoureuses et professionnelles que ce dernier entretient au quotidien. Marcelle, amante de Mathieu depuis 7 ans, tombe involontairement enceinte de ce dernier. L’avortement est un choix douloureux, mais naturellement entrepris par les deux protagonistes. Mathieu refuse l’engagement, le mariage et les contraintes qu’ils imposent : il se sent ainsi libre. S’amorce alors la ruée vers l’or, afin d’amasser la somme nécessaire à l’intervention chirurgicale. Le frère de Mathieu refuse. Confronté à une impasse, il décide par la suite de voler l’argent à Lola, maitresse de Boris, lui même ancien disciple et ami de Mathieu. Ce choix délibéré et consenti souligne un fait essentiel : Mathieu est prêt à tout pour parvenir à ses fins raisonnées par son choix de vie atypique, à savoir la liberté et le refus de tout engagement sentimental ou familial. La moralité de ce professeur de philosophie s’évanouit, parce qu’elle n’est en rien supérieure au désir immuable d’acquérir la liberté la plus absolue. Comme une obsession perverse, Mathieu se trouve une passion à la fois malsaine et majestueuse pour la soeur de Boris, Ivich. C’est une demoiselle qui entretient parfaitement l’aspect insouciant et inconscient propre à la jeunesse : elle n’hésite notamment pas à se saouler sans y établir de limites prédéfinies, pour oublier son mal être, digérer son chagrin inconsolable qui tient son origine à un banal échec scolaire. « Elle regardait le verre et Mathieu la regardait » : on s’aperçoit alors ici que « l’amour » troublant qu’éprouve Mathieu ne fait preuve d’aucune réciprocité. Il la désire, la regarde, l’imagine, tandis que l’attention d’Ivich est uniquement centrée sur cet objet si palpable, dénué d’âme, sans valeur particulière. Cet instant spirituel et profond vécu par Mathieu à travers Ivich ne le transcende qu’à titre individuel. Sartre poursuit : « Un désir violent et imprécis l’avait envahi : être un instant cette conscience éperdue et remplie de sa propre odeur, sentir du dedans ses bras longs et minces, sentir, à la saignée, la peau de l’avant-bras se coller comme une lèvre à la peau du bras, sentir le corps et tous les petits baiser discrets qu’il se donnait sans cesse. Être Ivich sans cesser d’être moi. ». On retrouve l’idée d’un désir pulsionnel, une passion fulgurante à la fois charnelle et violente, voire même sous certains aspects malsaine. Cette relation et ce choix délibéré de ne « commettre d’actes » qu’à la condition qu’ils n’entravent en rien sa liberté, l’entraine vers une régression progressive, puisque ce refus butoir de l’engagement le conduit vers le chem